Accueil > Quintet Bumbac > Quintet Bumbac dans Le Monde

Quintet Bumbac dans Le Monde

mardi 30 juin 2020

article de Patrick Labesse du 18 juin 2020.

Musique : le Quintet Bumbac met en ligne un concert sans public, filmé dans une chapelle
Privé de scènes, l’ensemble à cordes diffuse, ce jeudi à 19h30, la vidéo d’un concert enregistré dans la chapelle d’un petit village des Hautes-Alpes.

Bumbac ! Le nom claque comme un rythme canaille. En roumain, cela veut pourtant dire « coton », explique depuis chez lui, à Die (Drôme), le violoniste David Brossier, compositeur et leader de Quintet Bumbac qui réunit autour de lui Ariane Cohen-Adad (violon et alto), Christian Fromentin (violon), Léonore Grollemund (violoncelle) et Anita Pardo (contrebasse). Le 18 juin, Quintet Bumbac met en ligne un concert sans public, pour accompagner la parution, il y a quelques jours, de son nouvel album, l’excellent et pétillant Miroirs. « Le nom de notre ensemble résume bien les couleurs qui le caractérisent : une musique de chambre des Balkans pouvant aller dans des rythmiques beaucoup plus percussives. »

David Brossier joue sur un violon d’amour à cinq cordes, doté de cordes sympathiques, un instrument hybride entre violon classique et viole d’amour, conçu pour lui par le luthier marseillais André Sakellarides. Il raconte s’être passionné pour la Roumanie depuis un premier voyage à dix-huit ans. Il en a appris la langue, rencontré les musiciens, y retourne régulièrement, tout en ayant élargi son champ d’intérêt musical à l’ensemble des Balkans.

« Jeux de timbres »
Il signe toutes les compositions de Miroirs, imprégnées des musiques « de Roumanie, Bulgarie, Grèce, Turquie… qui m’ont influencé », explique le musicien. L’album devait initialement paraître en mars, quelques jours après un concert au Studio de l’Ermitage, à Paris. L’annonce du
confinement en a décidé autrement. Coup dur. Une petite dizaine de concerts annulés, la date de parution de l’album différée. « Cela nous a coupé l’herbe sous le pied, nous a stoppés net dans notre énergie. Nous avons mis plusieurs semaines à relever la tête », raconte David Brossier. Que faire ? « Des live sur Facebook et YouTube ? Non. Nous somme éparpillés entre Die, Lyon, Marseille et Bruxelles. Nous n’avions aucune envie de présenter quelque chose d’approximatif. »

Quand l’annonce du déconfinement arrive, une idée surgit, pour attirer l’attention sur la parution de l’album : filmer un concert sans public et le mettre en ligne. Une chapelle, « idéale pour l’acoustique, située dans un tout petit village des Hautes-Alpes, Thuoux, près d’Aspremont » est choisie. « Nous avons filmé à trois caméras, avec des éclairages adaptés. On voulait se donner les moyens de faire quelque chose de joli, d’agréable à entendre et à regarder. » Au programme défilent une valse faisant le pont entre la valse parisienne et la musique de Bucarest, une composition inspirée de « doïna » roumaine (complainte intimiste) et « une pièce qui tourne avec des boucles sur les trois violons » à propos de laquelle David Brossier raconte s’être « amusé avec les timbres : les sons se mélangent, des harmoniques sortent, au fur et à mesure, les parties des violons, qui sont décalées, s’unissent pour former une mélodie… Ces jeux de timbres, cela me rappelle les musiques pour violon des Alpes du Sud ». La captation restera en ligne deux semaines, mais il n’est pas exclu que Quintet Bumbac laisse des extraits un peu plus longtemps et deux autres compositions seront mises en ligne cet été. En attendant que la musique vivante reprenne ses aises et sa liberté sur scène.


collectif.cokmalko(at)gmail.com