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2 ème article dans "l’autre bistrot des accordéons"

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lundi 3 mars 2014

lundi 10 février - bey.ler.bey trio à croix baragnon : bis repetita...

Bey.Ler.Bey Trio : ils étaient vendredi soir, 7 février, à 20h30, à l’espace Croix Baragnon. Ils avaient déjà joué la veille, jeudi 6 - même endroit, même heure. D’où, comme je l’ai expliqué, sur la photo, deux fois deux billets.

Comme je l’ai aussi expliqué dans l’article précédent, contrairement à mon habitude, je publierai des photos des deux concerts dans un article spécifique ; je préfère cette fois séparer le texte et les images.

Bis repetita. Le lendemain du premier concert, on remet ça. D’abord, plaisir de retrouver plusieurs copains amateurs d’accordéon. On se sent membres de la même tribu. On parle concerts, accordéonistes, accordéons ; on échange des dates ; on fait des projets. L’environnement du concert de ce soir est on ne peut plus favorable.

Bis repetita ? En fait, rien ne se répète à l’identique. D’une part, parce que les improvisations de ce soir ne sont, par définition, pas identiques à celles de la veille, même si l’on reconnait ici ou là telle phrase de l’un ou tel échange plein de connivence et d’accords tacites. D’autre part, parce que l’écoute de la veille a préparé celle d’aujourd’hui. Paradoxe du même et de l’autre. Le plaisir de retrouver le même, d’autant plus que la perception en est différente. Ici encore je retrouve cette attitude que j’ai qualifiée de lâcher prise. La perception, ici et maintenant, est d’autant plus vive qu’elle s’inscrit dans une attitude d’attention flottante. Ce que l’on entend aujourd’hui, ça ressemble beaucoup à ce que l’on a entendu hier, c’est presque pareil. Presque ! Cet écart est source de plaisir intense. Je reconnais ce qui n’est pas pareil. Paradoxe ! En fait, ce qui est prévisible, c’est justement qu’il y aura de l’imprévisible et qu’il vaut mieux ne pas le laisser passer sans l’entendre.

En écoutant ce second concert, je pensais à un ouvrage d’Heidegger qui a pour titre "Chemins... qui ne mènent nulle part". Ces chemins dont il parle, ce sont les chemins de forestiers, les chemins d’exploitation de la forêt qu’ouvrent les forestiers. Quand on s’engage sur un chemin, on ne peut savoir d’emblée s’il aboutira à un carrefour, s’il se prolongera jusqu’à traverser la forêt entière ou s’il s’arrêtera tout à coup, formant une clairière, en plein milieu de celle-ci. Pendant ce concert donc, l’analogie avec l’improvisation m’a frappé. Comme une évidence. L’improvisation, parfois, débouche sur un chemin qui s’ouvre sur d’autres chemins et ainsi de suite jusqu’à son terme ; d’autres fois, elle s’interrompt brutalement, comme un chemin de forestier. Elle nous plante là, si j’ose dire. Mais, ce qui est certain, c’est que dans tous les cas de figure on y a gagné l’essentiel, à savoir le cheminement. On pense à A. Machado : le chemin n’existe pas avant que le marcheur ne le trace. C’est chemin faisant que le chemin prend forme et existence.

Après le concert, comme hier mais avec d’autres personnes, le trio offre un pot convivial et propose son album : "Mauvais oeil" pour un prix que chacun fixe à sa guise. On fait tous partie de la même tribu. On échange quelques mots avec un jeune accordéoniste qui est sur le point de partir pour le Brésil tant est grande sa passion du forro.

On rejoint le métro dans le froid toulousain. Il nous reste les sensations éprouvées sur le vif et l’album avec ses vingt titres.


collectif.cokmalko(at)gmail.com